
28 Oct 2020
ELLE ÉTAIT L’UNE DES PREMIÈRES BIATHLÈTES FRANÇAISES : MARTINE CHEVASSUS, PRIX DE LA VOCATION EN 1985.
A l’occasion de la Journée de la Femme, la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation lais...

28 Oct 2020
ELLE ÉTAIT L’UNE DES PREMIÈRES BIATHLÈTES FRANÇAISES : MARTINE CHEVASSUS, PRIX DE LA VOCATION EN 1985.
A l’occasion de la Journée de la Femme, la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation laisse la parole à Dariya Martine DERNE - CHEVASSUS, athlète pionnière dans le biathlon, Prix de la Vocation en 1985. Elle raconte son parcours pour intégrer une discipline sportive essentiellement masculine et militaire en France à cette époque.
J’ose penser que mon engagement en faveur des femmes dans le biathlon en France a été un accélérateur du changement des mentalités. J’ai notamment pu convaincre des responsables de l’EMHM (école militaire de haute montagne à Chamonix) de recruter des femmes et de les entrainer. Je leur avais prédit qu’elles obtiendraient des médailles, peut-être même avant les hommes, car tous les pays étrangers (surtout les nordiques leaders dans ces disciplines) en étaient au début du féminin !
Le problème du biathlon à l’époque, c’est d’une part qu’il venait juste de s’ouvrir aux hommes civils et « baignait » donc dans une mentalité militaire. Et d’autre part que c’était une discipline mixte, dépendante uniquement de la fédération de ski, ce que je dénonçais à l’époque parce que je pensais que l’excellence au ski ne saurait compenser un niveau insuffisant au tir.
J’ai « débarqué » dans un milieu globalement misogyne et il m’a fallu insister pour pouvoir participer à des compétitions où les organisateurs ne savaient pas ce que pouvait être une épreuve féminine, ne sachant fixer le kilométrage, le nombre ou les modalités du tir. Je n’avais pas de moyens spécifiques d’entrainement ; je m’entrainais seule pour le ski. Pour le tir, j’avais contacté un club et rencontré une championne de tir qui m’a donné des éléments de base pour m’entrainer au tir « pur ». J’ai aussi fini par obtenir le droit de rencontrer l’équipe « hommes » de l’EMHM lors de ses entrainements pré-hivernaux (tir et course à pied).
Grâce au titre de lauréate de la Fondation Marcel Bleustein Blanchet pour la Vocation, j’ai pu effectuer un court séjour en Finlande où j’ai été invitée à participer à l’entrainement de leur équipe nationale.
Pour véritablement s’entrainer au biathlon, c’était vers l’EMHM qu’il fallait se tourner puisque les athlètes étaient détachés pour de l’entrainement en continu, avec le matériel nécessaire. C’est ainsi que les premières jeunes femmes ont été intégrées avec de réels moyens d’entrainement et donc une progression immédiate dans la discipline les rendant performantes vis-à-vis de l’international. Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a plus d’obstacles importants pour une jeune fille qui souhaite devenir biathlète. Tant au niveau national que régional, la discipline étant reconnue, des méthodes et des lieux d’entrainement existent et des équipes sont sélectionnées. Grâce aux excellents résultats et aux médailles que les femmes ont obtenues, l’état d’esprit a changé.
En fait ma vocation ce n’était pas d’être biathlète au féminin, mais d’en être la pionnière !!!
Et j’en suis heureuse…
Illustration ©Fédération Française de Ski